Kaïs Saïed s'oppose à l'Open Sky

En avril 2024, lors d’une visite surprise à l’aéroport international de Tunis-Carthage, le président de la République, Kaïs Saïed, a réaffirmé son opposition à la mise en place du régime Open Sky en Tunisie. Ce mécanisme de déréglementation aérienne, signé précipitamment en 2017 avec l’Union européenne sous le gouvernement de Youssef Chahed, visait à ouvrir le ciel tunisien aux compagnies aériennes internationales. Cependant, le président Saïed a déclaré que « le ciel de la Tunisie ne sera ouvert qu’à Tunisair », soulignant ainsi son refus de cet accord qui, selon lui, compromettrait la compétitivité de la compagnie nationale.

Le refus de l’Open Sky par Kaïs Saïed vise principalement à protéger Tunisair, confrontée à des défis structurels significatifs tels qu’un endettement de 2,4 milliards de dinars en 2022 et un sureffectif de plus de 6 000 employés pour une flotte de seulement 10 avions. En empêchant l’arrivée massive de concurrents étrangers mieux financés, le président offre à Tunisair le temps nécessaire pour se restructurer et améliorer ses performances. Cette décision s’accompagne d’un projet d’extension de l’aéroport de Tunis-Carthage, visant à augmenter sa capacité d’accueil à 13 millions de voyageurs, dans le but de soutenir le développement du secteur aérien national et de répondre à la croissance touristique.

Les raisons avancées pour rejeter l’Open Sky sont multiples. D’une part, le marché tunisien est déjà largement ouvert grâce aux charters, permettant aux compagnies étrangères d’opérer sans restrictions significatives. D’autre part, les compagnies aériennes tunisiennes n’ont pas encore pu exploiter pleinement leur part de marché légitime de 50 %, étant actuellement limitées à 35 %. De plus, les responsables de Tunisair estiment que la concurrence accrue nuirait davantage qu’elle ne bénéficierait à l’industrie aérienne tunisienne, en raison de la difficulté à remplir les sièges et des contraintes financières. Ainsi, la décision de Kaïs Saïed de refuser l’Open Sky s’inscrit dans une stratégie de préservation et de renforcement de l’aviation nationale, malgré les pressions et les attentes des compagnies européennes.